Jean-Yves Piquet (alias Ferdinand), qui a rejoint Le Fenouil le 2 mai 1990 et quitté l’entreprise le 31 décembre 2020, est lui aussi revenu sur son parcours.
Menuisier-ébéniste de formation, il a commencé comme magasinier au Fenouil Coulaines. « À l’époque, nous n’étions que douze salarié·es, c’était une petite structure qui changeait des grosses boîtes où j’avais travaillé. C’était l’aventure de la bio », se rappelle-t-il avec nostalgie.
Engagé dans la mouvance écologique, il avait rencontré Philippe Jouin (co-fondateur de la coopérative Scarabée à Rennes et président de Biocoop entre 1986 et 1999) lors d’actions locales organisées par une revue qu’ils lisaient tous les deux.
Quelques années plus tard, ils se recroisent par hasard lors d’une visite de la centrale d’achat de Rennes : « C’était surréaliste, ils étaient trois et louaient un local minuscule. J’ai préparé ma propre palette de vrac à l’entrepôt et je l’ai dépotée en magasin le lendemain », se souvient-il. Aujourd’hui, environ 300 personnes travaillent sur la plateforme de 24 000 m² de Tinténiac, qui approvisionne les quelque 204 magasins Biocoop de l’Ouest.
Jean-Yves raconte qu’il a été impressionné par l’évolution spectaculaire du Fenouil et de la bio, et « la manière dont la structuration démocratique et participative a tenu le coup. Ce n’était pas un système patronal classique. À douze comme à 120 salarié·es, tout le monde a la possibilité de s’exprimer et la répartition des voix est respectée sans que ce soit cacophonique. »
Quand on lui demande de citer une date clé de sa carrière, il revient sur l’ouverture du Fenouil Sargé : à l’origine contre le déménagement (il aurait préféré agrandir et aménager Coulaines), il reconnaît qu’il a rapidement changé d’avis.
La petite taille de la réserve de Coulaines était devenue un vrai problème au quotidien, aussi bien pour y entreposer tous les produits que pour manipuler les palettes sans engins. « C’était très dur physiquement, surtout pendant les deux dernières années. On devait jouer au Tetris pour sans cesse réorganiser le stock », se rappelle-t-il.
À Sargé, il devient responsable du rayon vrac. Ses missions préférées ? « Le travail du quotidien. Rechercher de nouveaux produits, rencontrer les fournisseurs, découvrir les méthodes de culture, les vertus, les utilisations en cuisine des produits, examiner la qualité des matières premières », répond Jean-Yves.
En parallèle, il a également été représentant du personnel pendant quatre ans.
Un seul regret, que le temps soit passé si vite ; et beaucoup de fierté : « J’ai l’impression d’avoir participé à la démocratisation et à l’évolution de la bio, même s’il y a encore énormément de choses à faire quand on voit la diminution des surfaces agricoles et la perte de biodiversité… En 1990, on était des rigolos, une toute petite minorité à tirer la sonnette d’alarme. C’est quand même réconfortant de savoir que j’ai passé 30 ans de ma vie à défendre ça. »
Personne-ressource au Fenouil, Jean-Yves ajoute qu’il a évidemment aimé partager son savoir, aussi bien avec les client·es que ses collègues (notamment lors des formations internes de transmission du savoir). « C’est un vrai puits de science, on pourrait l’écouter pendant des heures », déclare souvent Marielle, animatrice culinaire et amie de Ferdinand.
« Quand je suis arrivé au Fenouil, on m’a présenté l’entreprise comme une famille, mais ce n’était pas tout à fait ça : c’était plutôt une appartenance forte à une entité, une fibre, une identité qui réunissait des personnes autour d’un projet commun. C’est la raison pour laquelle je suis resté. J’en garde des souvenirs d’amitié, de cohésion, d’entraide, d’écoute, de tolérance, même dans les moments de confrontation », conclut-il.