Contrairement à ce que la liberté du jardin pourrait laisser penser, les semences (potagères, médicinales, fleurs…) sont extrêmement réglementées, en particulier si leur destinée est d’être commercialisées.
Les semences autorisées à la vente en France sont celles inscrites au catalogue officiel du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS) ; cependant, les contraintes pour y inscrire une variété sont telles que seuls les grands groupes semenciers y parviennent encore…
L’histoire du « catalogue officiel »
À l’origine, ce catalogue permettait d’éviter que des graines de variétés différentes soient vendues sous le même nom ou qu’une même variété soit commercialisée sous des appellations différentes. Les consommateurs et consommatrices avaient ainsi une garantie sur l’identité de la graine acquise.
Malheureusement, cette vision industrielle de l’agriculture a fait disparaître de nos champs et de nos assiettes 90% des variétés traditionnellement utilisées par les paysan·nes…
Selon Kokopelli, association à but non lucratif fondée en 1999 pour la libération de la semence et de l’humus, le catalogue officiel est « limitatif de variétés et contribue à réduire la biodiversité en imposant des normes sans aucune légitimité. »
Des semences libres de droits et reproductibles
Les variétés non inscrites au catalogue officiel ont été soit radiées, soit jamais enregistrées, et ne peuvent ainsi pas être vendues légalement : aubergine Violette de Toulouse, courgette Blanche d’Egypte, fenouil Zefa tardo, laitue pommée Gloire de Nantes, oignon Rosé d’Armorique, tomate Andine des Fontenelles…
Cependant, les jardinier·es amateurs et amatrices qui n’ont pas pour but de commercialiser leur production peuvent produire toutes leurs semences, ont le droit de cultiver des variétés non inscrites au catalogue et d’échanger des semences avec d’autres jardinier·es.
Aujourd’hui, il est possible de trouver des espèces et des variétés potagères modernes, mais aussi anciennes, rares et oubliées qui font partie de notre patrimoine génétique végétal.
En les cultivant dans notre jardin, non seulement nous découvrons des arômes et des saveurs exceptionnels (tomates anciennes, petits fruits rouges, choux…), mais nous contribuons aussi à la sauvegarde de ces variétés oubliées.
« Des semences standardisées réclament des conditions standardisées, à grand renfort d’engrais et pesticides, et ne sont plus adaptées aux différents territoires. Cultivons localement les variétés adaptées ! »
Des fournisseurs militants
Kokopelli et Germinance, les deux fournisseurs auprès desquels nous nous procurons nos semences, ont fait le choix de vendre illégalement des variétés adaptées à la culture biologique et dont ils estiment qu’elles sont intéressantes du point de vue gustatif ou nutritionnel.
…et même locaux !
Installée à Bauge-en-Anjou, Germinance est une entreprise artisanale indépendante de production de semences potagères biologiques.
Elle organise la mise en place et le suivi des cultures au sein de son réseau d’une cinquantaine de producteurs et productrices, reçoit les semences, les nettoie, les trie, vérifie leur taux de germination, les conditionne et les vend en France par correspondance à des jardinier·es, des maraîcher·es, des magasins bio… comme nous !