Située au cœur du Perche normand à Condeau dans l’Orne, la Ferme de Villeray de Richard et Marie-Dominique Klein s’est spécialisée dans la culture de pommes et pommes de terre bio.
Une ferme familiale sur deux générations
L’aventure percheronne commence en 1992 avec Philippe et Chantal, les parents de Richard Klein, non issus du milieu agricole. Ils décident de s’installer sur la propriété actuelle après une expérience dans le Sud-Ouest orientée vers les « grandes cultures », c’est-à-dire les productions de céréales, protéagineux et cultures mécanisées à grande échelle.
Philippe vient alors frapper à la porte du Fenouil Coulaines en 2003 pour proposer sa première récolte de pommes de terre, une culture visant à réduire la superficie des terres céréalières pour s’émanciper des cours du blé et ainsi améliorer la résilience de la ferme.




Richard, ensuite rejoint par son épouse Marie-Dominique, reprend la ferme familiale en 2016 après des études agricoles et une carrière dans le secteur bancaire auprès des agriculteurs et agricultrices.
Il poursuit la diversification de l’exploitation en plantant des pommiers sur 21 hectares, dont les fruits sont vendus directement en circuit court ou transformés en compote et jus par la Reinette Verte, une ferme arboricole spécialisée dans la presse.
« Nous avons sélectionné plusieurs variétés (Querina, Sampion, Cox Sunta, Goldrush…) afin d’assurer une certaine régularité en production tout en misant sur leur rusticité, » explique Richard.




La récolte des pommes s’étale de la mi-août (pour les variétés les plus précoces) à la fin de l’automne. Les fruits destinés à la vente sont cueillis à la main directement sur les arbres tandis que ceux tombés au sol sont ramassés à la machine pour être ensuite transformés.
Les pommes à couteau sont conditionnées en palox et stockées au froid afin de préserver leurs qualités organoleptiques. « Grâce aux nombreux panneaux solaires installés sur les toits des différents hangars de la ferme, l’exploitation est autonome en électricité, » souligne Marie-Dominique.




Richard a récemment introduit dans les vergers un petit cheptel de brebis de race Shropshire, des bêtes reconnues pour leur rusticité et la qualité de leur viande : la majorité des parcelles est ainsi écopâturée, réduisant les opérations de désherbage. Les déjections des animaux permettent également de fertiliser naturellement le sol.
« En parallèle, nous avons développé la surface agricole dédiée à la production de pommes de terre. Nous en maîtrisons aujourd’hui l’itinéraire technique, c’est-à-dire toutes les actions agronomiques qui mènent à la réussite d’une culture. »
Plantés et buttés de février à avril dans les parcelles les plus limoneuses, un sol favorisant l’irrigation et le développement des tubercules, les plants sont ensuite broyés à maturité : la peau des tubercules laissés dans le sol s’épaissit, protégeant leur chair et garantissant leur conservation après récolte, trois à quatre semaines plus tard.




« Les aléas climatiques nous contraignent à être de plus en plus vigilants tout au long du cycle végétatif des cultures », confient-ils. Humidité lors de la croissance des pommes de terre (risque de mildiou), gel au printemps pour les vergers… Une attention particulière est aussi portée à la gestion des inter-rangs pour limiter le développement de maladies.
L’orientation agricole de leur assolement a par ailleurs été repensée en y intégrant des noyers et des arbres à kiwis (Actinidia), des cultures s’adaptant aujourd’hui bien à nos latitudes : les premières récoltes sont attendues pour cette année !




D’autres investissements ont été réalisés pour améliorer la valeur ajoutée de l’atelier grandes cultures, toujours présent sur la ferme : un trieur optique permet de sélectionner les grains en fonction de leur calibre, de leur forme et de leur couleur, ce qui permet de garantir une qualité « semencière » en bout de chaîne.
Le grain est ensuite stocké dans des silos avant de trouver acheteur. L’enveloppe des graines est quant à elle valorisée en alimentation animale : elle constitue une bonne source de fibres et de protéines.
La ferme dispose également de plusieurs engins agricoles en propre, achetés pour la majorité d’occasion, afin de ne plus dépendre des contraintes liées aux prestataires de type Entreprise de travaux agricoles (ETA) et de mieux réagir lors des travaux agricoles. « Ça nous permet vraiment de semer et de récolter au moment le plus opportun pour préserver la qualité des produits. »




Philippe, le père de Richard, aujourd’hui en retrait sur les cultures, continue d’améliorer l’efficience de la ferme avec ingéniosité : il a par exemple conçu des panneaux photovoltaïques mobiles pour alimenter les pompes d’irrigation des parcelles et les trieuses, pendant la récolte, en totale autonomie.
Également investi dans la vie locale, le couple organise des visites à la ferme et est engagé collectivement avec d’autres producteurs et productrices locaux au Chardon, un magasin fermier situé à Nogent-le-Rotrou. Les produits de la ferme de Villeray sont présents au Fenouil, dans les magasins Bicooop La Ruche à Paris et dans des magasins Biocoop voisins de la Sarthe (Perche, Eure-et-Loir).