Retour sur la conférence-débat « Peut-on manquer d’eau ? »

Samedi 10 février, la Confédération paysanne de la Sarthe, la Coopérative d’installation en agriculture paysanne (CIAP72), le Groupement des agriculteurs et agricultrices bio (GAB 72), Le Fenouil Biocoop, CCFD Terre solidaire et Les soulèvements de la terre ont eu le plaisir d’accueillir plus de 200 personnes à l’occasion d’une conférence, d’un débat et d’une projection sur le thème de l’eau.

La maison locale coopérative des magasins Biocoop de Sarthe, qui conduit et soutient collectivement des actions locales, a cofinancé cet événement et proposé aux participant·es de déguster le jus de pomme local d’Olivier Cordeau et des biscuits en vrac.

À 15h, la première partie de ce bel événement a été animée par François Laurent, géographe et hydrologue à l’université du Mans et Marie Mézière-Fortin, hydrobiologiste indépendante.

S’il fallait synthétiser cette excellence conférence, nous vous inviterions à retenir les informations suivantes :

  • « 70% de l’eau dans le monde est destinée à l’irrigation et 40% de notre alimentation provient de surfaces irriguées. » En parallèle, « 58% de l’eau prélevée est consommée par les usages agricoles de 5% des agriculteurs et agricultrices (maïs que l’on exporte, qui est en réalité une plante tropicale dont on pourrait se passer) », a souligné Marie Mézière-Fortin.
  • La température moyenne en France a augmenté de 1,7°C depuis le début du XXe siècle et le changement climatique induit dorénavant une évapotranspiration en toute saison, qui limite le rechargement des nappes phréatiques : la ressource en eau renouvelable a déjà diminué de 14%.
  • « L’agriculture intensive se développe dans le monde et se traduit par une très forte pollution de l’eau, » a rappelé François Laurent. « Au Brésil par exemple, une ville sur quatre distribue une eau contenant les 27 pesticides chimiques les plus utilisés et 15 de ces pesticides sont associés au développement de maladies graves. »
  • L’Europe est en tête des risques élevés de pollution de l’eau dans le monde et le rendement agricole pourrait baisser de 50% d’ici à 2080.
  • En Sarthe, seulement 20% des rivières sont en bon état (et moins de 20% de l’eau est considérée comme étant de bonne qualité) ; en Vendée, c’est seulement 1%.
  • Les causes principales de la dégradation de la qualité de l’eau sont :
    • les pesticides chimiques ;
    • la morphologie du sol : le travail intensif et répété du sol diminue sa rétention et l’alimentation des nappes phréatiques ;
    • l’hydrologie : l’artificialisation, la bétonisation et la modification des cours d’eau ; 98% des cours d’eau sarthois ne sont plus naturels et ont subi une modification humaine.

La thématique de l’eau avait d’ailleurs déjà été évoquée lors du congrès Biocoop 2023 :

  • Comment transformer la consommation d’eau virtuelle d’un·e Français·e (5 000 litres par jour liés à l’alimentation, l’énergie, etc., soit 25 baignoires pleines) en consommation réelle (146 litres d’eau au robinet) ?
  • Faut-il arrêter de produire et consommer les aliments qui utilisent le plus d’eau (1 avocat = 500 litres d’eau ; 1 kg d’amandes décortiquées = 16 000 litres d’eau) ?

Toutes les réponses se trouvent dans l’ouvrage « L’eau, fake or not ? » de Charlène Descollonges, qui rappelle que « sur la planète, 97,5 % de l’eau est salée. Il n’y a que 2,5 % d’eau douce et 99 % de celle-ci nous sont inaccessibles. Lacs, rivières, écosystèmes et humains, c’est-à dire l’ensemble du vivant, se partagent 1 % de l’eau douce terrestre. »

À 17h30, les participant·es ont pu assister à une projection du documentaire « De l’eau jaillit le feu » de Fabien Mazzocco, qui relate les enjeux précis qui se jouent dans le marais poitevin tout en nourrissant une réflexion plus globale sur le modèle agricole dominant, le partage de l’eau, l’utilisation de mégabassines et le pouvoir d’agir des citoyen·nes.

Un grand merci à nos partenaires et à tou·tes les intervenant·es pour le partage de leurs connaissances et la qualité des échanges !