Le GAEC des Deux Saints, ferme et vergers bio

C’est à cheval sur les communes de Saint-Aubin-le-Dépeint et Saint-Pierre-de-Chevillé que les frères Éric et Martial Refour assurent la succession de leurs parents Lucien et Gisèle, cultivateurs en agriculture bio depuis 1965.

Une ferme familiale transmise de père en fils

« Le père Lucien est allé à l’école jusqu’à ses treize ans », raconte Éric Refour en ouvrant un album photo familial et en désignant un homme souriant et jovial.

« Quand il a lancé la ferme avec notre mère, il a tout de suite juré qu’il n’utiliserait jamais de produits chimiques. Et vous savez pourquoi ? Parce que son instituteur, à l’époque, avait expliqué aux élèves comment fabriquer du compost et comment l’utiliser dans un potager pour faire pousser des légumes naturellement. La bio, c’était une évidence pour lui. »

Au début, la ferme est conduite en polyculture sur 26 hectares avec des vaches et des chèvres laitières nourries au foin et à l’herbe qui ont contribué à l’élaboration dudit compost, des pommiers, des vignes…

« Ici, le sol est silico-argileux, idéal pour cultiver la vigne et la pomme. Une partie de nos terres se trouve d’ailleurs sur l’aire d’appellation Coteau-du-Loir, mais on avait trop de cépages Grolleau pour pouvoir revendiquer l’AOC ; on a fini par arracher les pieds faute de pouvoir transformer les grappes en vin », regrette Martial.

Martial s’associe à son père en 1979 après son service militaire, passe la ferme en Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) et diversifie les cultures :

  • 14 hectares de blé panifiable
  • 13 hectares de triticale et de féverole vendus à un éleveur de porcs voisin
  • 12,5 hectares de vergers
  • 10 hectares de colza
  • 5 hectares de tournesol
  • 1,4 hectare de pommes de terre

« Dans les années 1980, on allait au marché à Paris une fois par mois ; plus tard, on y allait tous les week-ends tant ça donnait », raconte Martial. « Ça a pris fin au moment de la crise sanitaire et heureusement, on a pu reporter nos ventes au Fenouil et dans les magasins Biocoop de Tours, Blois, Angers… »

Des récoltes tributaires du changement climatique

Quand on leur demande quelles sont les problématiques récurrentes ces dernières années, les deux frères échangent un long regard. « La météo est de plus en plus changeante et on n’a pas d’autre choix que s’adapter. On a beau être préparés, on se fait quand même attraper au début et à la fin des périodes de risque », commence Éric en avançant entre les hauts rangs de pommiers.

De février jusqu’à l’été, c’est la tavelure, une maladie cryptogamique qui tache les feuilles, les rameaux et les fruits et qui est favorisée par des conditions météorologiques fraîches, humides et pluvieuses.

Ensuite, c’est au tour du puceron cendré, qui prolifère très rapidement ; du carpocapse, un papillon parasite dont la larve se nourrit de la chair des fruits ; de l’anthonome, un charançon ravageur qui pique le bouton avant même que la fleur soit formée ; de la mouche méditerranéenne invisible sur le fruit, mais qui fait pourrir les pommes lors de leur stockage ; des punaises tigres qui piquent les feuilles et perturbent ainsi la photosynthèse…

« Vous imaginez le nombre de traitements appliqués en agriculture non bio pour lutter contre tout ça ? », s’exclame Martial.

En bio, les deux frères utilisent de l’argile, du calcium et des extraits de plantes, « alors forcément, ça demande beaucoup plus de temps, il faut traiter chaque nuisible avec le bon ingrédient et on multiplie les interventions humaines au fil des saisons. »

Pièges à phéromones, voiles sur 35 à 40% des vergers, auxiliaires… Toutes les solutions naturelles sont bonnes à prendre. « En fin de saison, on enroule des cartons ondulés collants autour des troncs pour récupérer les vers qui descendent des arbres et s’en débarrasser en prévision de l’année suivante. Toutes ces méthodes de lutte contre les parasites sont des investissements en main d’œuvre et en matériaux. »

Les pommiers, plantés pour la plupart en 2015, sont protégés par :

  • des voiles monorang de 4 mètres de hauteur et 1,5 mètre de largeur
  • des voiles qui englobent plusieurs centaines de fruitiers

La manipulation des voiles demande d’ailleurs une certaine maîtrise pour que les pommes ne tombent pas et ne touchent pas leurs voisines ; elles risqueraient de les marquer, ou pire, de les faire chuter à leur tour. L’hygrométrie est également importante : une pomme ramassée humide porte par exemple des traces de doigts une fois sèche.

« Et puis entre les pommiers, on ne broie qu’un rang sur deux d’herbe pour encourager la lutte biologique et on laisse les fleurs pour que les pollinisateurs trouvent leur bonheur », souligne Eric.

Des récoltes bien rythmées

Les vergers s’étendent sur 12,5 hectares et accueillent plus de 35 variétés de pommes : Akane, Transparente de Croncels, Cybèle, Dalinette, Reine des Reinettes, Elstar, Golden, Charden, Royal Gala, Judaine, Judelyne, Drap d’Or, Canada Grise, Boskoop, Grany Smith, Melrose, Florina, Idared, Mégolle, Chanteclerc, Cox Orange, Starkingson, Braeburn, Rambour Rouge des Flandres, Goldrush, Reinette du Mans, Reinette Clochard, Rubinette, Pilot, Topaze, Saturne… et bien d’autres.

« La cueillette bat son plein d’août à début novembre en fonction de la maturité des différentes variétés », indique Éric ; l’Ambassy est cueillie toutes les semaines tandis que l’Akane est récoltée deux fois dans la saison. En 2024, Éric et Martial avaient récolté entre 20 et 25 tonnes de pommes par hectare.

Les pommes de table, aussi appelées pommes à couteau, doivent respecter des critères de maturité très précis : elles doivent être cueillies dans l’arbre, colorées uniformément, sans marques ; à peu de chose près, parfaites.

Toutes les autres pommes qui ne répondent pas ces exigences ? « On les vend en sacs ou on les transforme en jus, en compotes, en gelées… Elles ne sont pas moins bonnes, juste moins belles », assurent les deux frères.

Ces dernières années, les épisodes de grêle et de fortes pluies les ont forcés à transformer plus de fruits : il faut deux kilos de pommes pour produire un litre de jus et en 2024, le GAEC des Deux Saints a embouteillé 30 000 litres de jus. « Ça devrait aller mieux cette saison, on a eu une belle récolte », confient-ils.

« Quand on a commencé, on calibrait les pommes au diamètre, mais depuis quelques années, c’est au poids. On a dû investir dans des machines différentes, revoir notre organisation, ça change, surtout quand on accueille des salarié·es… mais nous deux, on peut calibrer une pomme à l’œil ! » précise Éric.

Une fois les pommes triées, les caisses et cagettes sont stockées dans une immense cave pour être soit conservées et vendues au fil des saisons, soit transformées « dès qu’on a un peu de temps pour s’en occuper. »

« Cultiver des pommes, c’est un sacré boulot », conclut Martial, « mais je ne me vois pas faire autre chose. Et quand je suis dans les pommiers et que je vois le résultat de nos efforts pendant des mois et des mois, je ne suis pas mécontent d’être paysan. »

60 ans de bio, ça se fête

Le GAEC des Deux Saints, fournisseur historique du Fenouil, fête cette année ses 60 ans ! Durant tout le mois d’octobre, leurs produits sont à l’honneur dans nos six magasins au Mans :

  • Jus de pomme, de pomme-cassis et de pomme-fraise
  • Pétillant de pomme
  • Compote de pomme
  • Gelée de pomme, de coing et de courge musquée
  • Confiture de pomme
  • Vinaigre de cidre

Et pour célébrer cet anniversaire exceptionnel, nous ferons don à Éric et Martial de la marge générée sur leurs jus et pétillants de pomme. Nous comptons sur vous pour les soutenir et découvrir leurs délicieux produits !