Installés à Perche-en-Nocé (à 64 km du Mans et de nos magasins bio), Sylvain Durey et Sébastien Angot sont à la tête de la Ferme du Val Primbert. L’exploitation laitière et fromagère de 150 hectares se trouve au cœur de la vallée du Perche, nichée dans un superbe vallon entouré de pâtures.
Une ferme bio autonome et des cultures réfléchies
Sylvain est diplômé d’un BTSA « Service en espace rural » et d’une licence professionnelle « Consultant rural ». Après une première expérience en animation de développement territorial, il se lance dans l’aventure de l’élevage en 2007.
Inspiré par la maison de son père dans le Perche, il rebâtit de ses propres mains une ferme en ruine en réutilisant des matériaux issus de plusieurs vieux bâtiments locaux, comme l’ancien gymnase.
Pour Sylvain, la bio était une évidence : « c’est une philosophie, quand je produis, je regarde surtout ce que je vais laisser derrière moi.«
« D’ailleurs, nos pratiques ont évolué depuis 15 ans », renchérit Sébastien. « On utilisait beaucoup de plastique, notamment avec les ballots enrubannés de cellophane. »
Ne pas faire d’enrubannage permet de limiter les risques sanitaires, tout en conservant les qualités nutritionnelles du foin pour les brebis, car la fermentation anaérobie dégrade certains nutriments par action des bactéries et augmente les risques de propagation de pathogènes, donc de maladies. « Nous sommes donc passés au foin sec, qui se conserve certes moins longtemps, mais qui nécessite un équipement bien plus simple. »
Et depuis quelque temps, les pots de yaourts sont récupérés et recyclés par un partenaire local, qui les transforme en pots de semis.
Sylvain ne conçoit pas que la nourriture de ses bêtes provienne de l’autre bout de la planète : le foin, les céréales et les légumineuses sont donc cultivés à la ferme, qui est 100% autonome en alimentation. « La qualité de l’alimentation est primordiale pour la prévention des maladies et des blessures : quand vous mangez bien, vous êtes en bonne santé ; c’est pareil pour les brebis. »
Les variétés sont soigneusement sélectionnées et des rotations judicieuses associent des légumineuses (féverole, pois, luzerne…) et des céréales (blé, épeautre, orge, avoine, tritical…). « Un énorme travail a été effectué depuis 2007 pour restaurer la terre, qui avait été surexploitée pendant les cinquante dernières années ».
Une partie du blé cultivé sur la ferme est d’ailleurs utilisée pour fabriquer la Farine du Perche.
« Je laisse reposer les terres en les passant en prairies pendant trois ans dans leur cycle cultural. Cet été, les cultures ont assez peu souffert de la chaleur grâce à une bonne sélection de semis robustes et complémentaires (lotier, trèfle, pissenlit…) », explique Sylvain.
En plus de cette excellente gestion des variétés, il amende ses terres avec du compost produit à partir de la litière récupérée dans la bergerie. « C’est un mélange de paille d’orge et de pois que nous changeons tous les matins ; mélangé au fumier, c’est la matière organique qui nourrit nos champs et nos cultures. »
« Aujourd’hui, quand on goûte un de nos yaourts, j’ai envie qu’on voie un pré, avec des haies, avec des chemins autour, des gens qui se baladent et des brebis qui pâturent. Pas une ensileuse qui crache du maïs, ni des haies mortes, ni des bidons au milieu du chemin. Je n’aurais pas pu être paysan en agriculture conventionnelle. »
De la culture du foin à la mise en pot des yaourts, tout est maîtrisé et réalisé sur l’exploitation.
Des animaux élevés, nourris et soignés naturellement
Associé depuis 2007, Sylvain élève aujourd’hui 260 brebis de race Lacaune, qui tirent leur nom des Monts de Lacaune dans le Tarn et qui sont alimentées au foin et à l’herbe toute l’année.
La saisonnalité du Val Primbert est longue, car les périodes de mise en lutte (c’est-à-dire de reproduction des brebis et des douze béliers) sont judicieusement choisies afin que la transformation du lait puisse s’étendre de janvier à octobre, tout en respectant les cycles naturels du troupeau.
Pour soutenir la lactation en début de saison quand il y a peu d’herbe, Sylvain utilise des bouchons de luzerne pour compléter le foin de légumineuses. Et lorsqu’il faut soigner des bêtes, il a recours à la phytothérapie et l’homéopathie.
Soucieux du bien-être de leurs animaux et de leurs salarié·es, Sylvain et Sébastien ont mis en place un système de mono-traite pour garantir à la fois une meilleure santé des brebis, un lait d’excellente qualité fromagère et une charge de travail moins élevée. « La salle de traite a été complétée d’une machine d’occasion permettant d’automatiser les tâches et de traire jusqu’à 16 brebis en même temps, pour fluidifier le travail. »
« Cette année, nous avons collecté et transformé 95 000 litres de lait, contre 25 000 en 2016 avec un cheptel de 150 brebis à l’époque », raconte Sylvain.
La Ferme du Val Primbert accueille également des cochons élevés au petit lait et au son, ainsi que des vaches Normandes et Black Angus (une des meilleures races à viande du monde, très persillée). « Grâce aux cochons, nous pouvons valoriser le lactosérum (la phase liquide restante après la transformation du lait en fromage ou en yaourt), c’est de l’or en barre extrêmement nutritif, mais polluant ; ça nous permet de nous en débarrasser naturellement. »
Des produits laitiers bio de qualité en circuit court
« Les gens ont envie de bien manger et de savoir d’où vient leur nourriture », répète Sébastien tout au long de notre visite, le fromager de formation qui a rejoint la Ferme du Val Primbert en 2016. Le lait de la traite est envoyé directement dans la fromagerie via un système de pompe à lait, toujours pour faciliter le travail de l’équipe de transformation.
Les plans du laboratoire ont été imaginés par Sébastien et Sylvain et les travaux ont été réalisés sur mesure par des professionnels ; les emplacements et hauteurs des machines sont adaptés aux besoins des salarié·es.
La Ferme du Val Primbert produit une douzaine de fromages frais ou affinés (tome, crémeux, crottins, fromage frais, feta, cheddar, reblochon et vacherin) de brebis, ainsi que des yaourts et des crèmes desserts en petits et grands formats.
© Frédéric Chehu
Sylvain et Sébastien travaillent principalement en vente directe dans leur magasin de producteurs et productrices « Le Chardon », ou en circuit court avec un intermédiaire maximum, comme Le Fenouil depuis 2014.
Ils approvisionnent également des restaurants scolaires « pour avoir la garantie que nos enfants mangent des produits bio et locaux de qualité » et quelques grands restaurants parisiens, notamment Le Septime.
Le bien-être au travail au cœur des préoccupations
Sylvain et Sébastien sont convaincus que « les fermes qui transforment les produits du terroir sont génératrices de valeur et d’emploi ; ici, nous faisons le choix de valoriser l’humain et le confort de travail ». Les deux associés sont accompagnés de cinq salarié·es à temps plein, d’un salarié à temps partiel et de deux apprenti·es ; soit neuf personnes au total.
Trois personnes travaillent dans la fromagerie du lundi au vendredi, car il n’y a pas de transformation le week-end : la seule activité du samedi et du dimanche est la traite et le lait est stocké pour être transformé au début de la semaine suivante.
« Nous prenons cinq semaines de vacances par an, nous avons un week-end libre sur deux, de bons salaires, un plan d’épargne salariale, de l’intéressement et des primes « dimanche » ou « nounou », » raconte fièrement Sébastien. « C’est une reconnaissance du travail et de l’engagement, c’est une bio sociale et respectueuse. »
« Être deux sur une ferme en cogérance, c’est top, » ajoute Sylvain. « La coresponsabilité et complémentarité, ça me plaît bien. Et j’aime l’idée d’avoir réussi à créer un petit noyau autour de la ferme avec des gens qui sont contents de venir bosser. »
Les fromages, yaourts, fromages blancs et crèmes desserts bio de brebis de la Ferme du Val Primbert sont disponibles dans nos six magasins au Mans.